Philippe Herreweghe
Biographie
Né à Gand (Belgique), le 2 mai 1947, Philippe Herreweghe fait ses humanités au collège jésuite Sint-Barbara (Sainte-Barbe), une institution prestigieuse de la ville qui avait accueilli avant lui le directeur d’opéra et de festival Gerard Mortier et des écrivains aux noms prestigieux - Emile Verhaeren, Maurice Maeterlinck. D’abord membre du chœur d’enfants de Sainte-Barbe, il devient, encore adolescent, chef de chant adjoint de celui-ci. Philippe Herreweghe étudie parallèlement le piano au Conservatoire de Gand.
De 1965 à 1972, il poursuit des études de médecine complétées par deux années de psychiatrie. En 1970, Herreweghe forme, avec un groupe d’amis, le Collegium vocale de Gand qui se fait rapidement connaître dans les milieux de la musique ancienne. A la demande de Gustav Leonhardt, les hommes du Collegium vocale soutiennent, à partir de 1976, les voix d’enfants du Knabenchor Hannover dans la première intégrale historiquement informée des cantates de Bach pour Teldec/Telefunken (1970-1989).
En 1977, le musicologue Philippe Beaussant demande à Herreweghe de créer un ensemble vocal français jumeau, la Chapelle royale, sous l’égide de l’Institut de musique et de danse anciennes (Imda). Avec cette formation, qui associe un chœur et un orchestre d’instruments anciens, le musicien belge signe, en 1981, son premier disque pour harmonia mundi, les Grands motets de Henry Du Mont. Suivront, jusqu’en 1990, de nombreux enregistrements de musique française baroque (Campra, Charpentier, Gilles, Lalande, Lully, Rameau, etc.).
Mais c’est à Johann Sebastian Bach que Herreweghe est le plus immédiatement associé. Après un concert retentissant et pionnier de la Passion selon saint Matthieu, le 15 mars 1980 à Paris, il l’enregistre en 1984 (il y reviendra en 1998). Le catalogue Bach publié par harmonia mundi comprend de nombreuses cantates, les Motets (1986), la Messe en si (1998), deux versions du Magnificat (1990 et 2003), de la Passion selon saint Jean (1987 et 2001), etc. Dans ces enregistrements, le Collegium Vocale de Gand s’associe au chœur de la Chapelle royale ou s’y substitue.
Afin de servir plus spécifiquement la musique polyphonique de la Renaissance et du premier baroque, Philippe Herreweghe fonde en 1988 l’ensemble vocal européen de la Chapelle royale, constitué d’une douzaine de chanteurs solistes venus de différents pays de la Communauté européenne. Le répertoire enregistré comprend des œuvres de Lassus (1989, 1994), Gesualdo (1990), Palestrina (1991), Schein (1996), Cardoso (1997)… Aux deux Messes de Monteverdi (1991) est associé un Requiem commandé spécialement au compositeur italien Sandro Gorli (né en 1948).
En 1991, Herreweghe forme l’Orchestre des Champs-Elysées (ainsi nommé car il avait à l’origine la mission d’une résidence au Théâtre des Champs-Elysées, à Paris, sous le mandat d’Alain Durel), une phalange aux effectifs plus grands destinée à servir les répertoires post-baroques. Son premier enregistrement est la Messe en ut mineur (1992), de Mozart, qui précède celui du Requiem (1997). Suivront la Missa Solemnis (1995) et la Symphonie n°9 (1999) de Beethoven.
Très naturellement, Herreweghe est attiré par des musiciens du romantisme allemand familiers des répertoires polyphoniques anciens. Après avoir consacré des albums aux œuvres à cappella de Mendelssohn (1988), Brahms (1987) et Bruckner (1990), il aborde des ouvrages de plus grande ampleur : les oratorios Elias (1993) et Paulus (1996), de Mendelssohn, le Requiem allemand de Brahms (1996), les symphonies et concertos (entre 1996 et 2007) et les Scènes de Faust, 1998) de Schumann, la Messe en fa mineur (2009) et les symphonies 4, 5 et 7 (entre 2004 et 2009) de Bruckner, un compositeur dont Herreweghe a toujours dit se sentir particulièrement proche.
Toujours avec l’Orchestre des Champs-Elysées, le chef flamand grave la première version au disque de l’édition musicologique officielle par Jean-Michel Nectoux de la version symphonique de 1901 du Requiem de Gabriel Fauré (en 1988, la version originelle de 1893, également éditée par Nectoux, était parue, avec le concours de l’Ensemble Musique oblique).
Un temps associé à ce dernier groupe instrumental, Herreweghe signe à sa tête, en 1992, une version personnelle et remarquée du Pierrot lunaire d’Arnold Schoenberg avec la chanteuse et actrice Marianne Pousseur. Ses incursions dans la musique contemporaine seront rares mais on note, en 1993, Medeamaterial, de Pascal Dusapin, sur des textes de Heiner Müller, un opéra capté en 1992 lors de ses représentations au Théâtre de la Monnaie. L’une des “niches” d’un vaste catalogue publié chez harmonia mundi de 1981 à 2010.